Tout les bailleurs ne sont pas logés à la même enseigne. Si l’interdiction de louer une passoire thermique se dessine à horizon 2025-2028, elle ne concerne que les baux classiques, pas les locations saisonnières. Face à la crainte de déstabiliser le marché locatif, Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement a voulu rassurer, mardi sur BFM Business, le gouvernement va travailler pour que les règles soient les mêmes pour tout le monde.
Pourquoi dépenser de l’argent à rénover quand il suffit de passer son logement en location saisonnière (moins de 120 jours par an)? C’est légal aujourd’hui, on contourne l’obligation de décence énergétique, et ça évite même l’obligation de réaliser un DPE.
Le risque est réel, pointé du doigt par les professionnels de l’immobilier depuis plusieurs mois. Non seulement, l’obligation de rénovation des passoires thermiques risque d’entraîner un retrait massif de biens en location avec une hausse de logements vacants, mais elle risque aussi de faire basculer des biens en location longue durée vers la location saisonnière, Airbnb ou autre.
C’est d’autant plus vrai dans les villes touristiques, Paris en tête, où plus d’un tiers du parc immobilier se trouve aujourd’hui en F et G avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. “La perspective d’une baisse significative de logements sur le marché que cette réforme pourrait entraîner, en particulier à Paris où le marché locatif est déjà en tension, ou le retrait du marché officiel, inquiètent”, interpellait déjà en janvier, la députée Maud Gatel (MoDem).
“Il faut que l’on travaille pour que ce soit les mêmes règles”
Les sondages le montrent, de nombreux propriétaires-bailleurs n’ont pas l’intention de rénover aujourd’hui malgré les obligations qui se profilent. La Fnaim a déjà tiré la sonnette d’alarme, 500.000 passoires énergétiques pourraient sortir du parc locatif “d’ici à six ans”. 6% des bailleurs envisagent d’ores et déjà de passer de la location longue durée à la location saisonnière; une proportion, on imagine, qui a tendance à enfler dans les villes avec un potentiel touristique.
Dans ces conditions, l’interdiction de louer une passoire énergétique ressemble à une véritable bombe à retardement. Le gouvernement a conscience de cet “angle mort”. “Il est hors de question pour moi qu’on se réfugie derrière l’interdiction de remettre en location, en transformant son logement en meublé touristique”, évoquait mardi, Olivier Klein sur le plateau de BFM Business.
Les mêmes règles devront donc s’appliquer aux locations de tourisme. “Il faut que l’on travaille pour que ce soit les mêmes règles, on ne peut pas sortir des logements dont nous avons besoin pour loger nos concitoyens. (…) Nous nous donnerons les moyens de mettre tous les garde-fous nécessaires.” Le ministre ne précise pas de calendrier toutefois, mais Airbnb a déjà pris les devants puisque depuis début octobre, la plateforme propose une aide à ses hôtes pour rénover leur logement.
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