MaPrimeRénov’ bat tous les records. Les crédits prévus pour deux ans dans le cadre du plan de relance seront consommés dès cette année, et l’État a déjà annoncé une rallonge de deux milliards d’euros. Oui, mais massification ne veut pas forcément dire efficacité. Dans un audit dévoilé en septembre, la Cour des comptes recommande ainsi d’évaluer “les bénéfices sociaux et environnementaux” de cette prime de transition énergétique d’ici 2023.
Lancée en 2020, MaPrimeRénov’ a d’ores et déjà explosé toutes les prévisions avec 500.000 dossiers en septembre, 800.000 envisagés d’ici la fin d’année. Dans le détail, 72% des primes distribuées portent sur le chauffage, 26% sur un renforcement de l’isolation. Dans 86% des cas, on parle de mono-gestes, dont on sait que les gains énergétiques ne sont pas toujours à la hauteur des espérances. “Ainsi, MaPrimeRénov’ répond à des travaux simples et souvent uniques, tels que le changement de chauffage ou l’isolation de fenêtres, ce qui ne favorise pas le bouquet de travaux complémentaires qui permettrait souvent d’éliminer les passoires thermiques“, note la Cour des comptes, rappelant au passage que l’octroi de cette prime n’est lié à aucun gain énergétique minimal, contrairement à d’autres aides distribuées par le passé.
Des gains énergétiques purement théoriques
Dans ses recommandations, la Cour des comptes suggère notamment d’évaluer, dès 2021, les gains énergétiques de MaPrimeRénov’, et avant 2023, l’impact du dispositif dans la lutte contre la précarité énergétique des ménages les plus modestes. Car “si l’objectif de massification est très perceptible, la vérification de la qualité et de l’efficacité des travaux en matière de lutte contre les passoires thermiques et la précarité énergétique n’est pas assurée. MaPrimeRénov’ se borne à afficher aujourd’hui des gains théoriques, qui devront être vérifiés et consolidés“. Selon la Cour des comptes, “une réponse publique équilibrée” reste sans doute à trouver “entre les tenants de la massification, qui permet d’espérer un premier geste de travaux en appelant d’autres, et ceux d’une approche plus exigeante“.
Autre point de vigilance relevé par l’audit, la communication autour de MaPrimeRénov’. C’est aussi une des recommandations formulées: “organiser, en direction des usagers, une communication rigoureuse sur le dispositif“. Car si MaPrimeRénov’ “fait l’objet d’une publicité importante, tant de la part des acteurs publics que privés“, la Cour des comptes relève aussi une “multiplication des supports de communication” susceptible de nuire à une information claire d’autant plus dans un maquis d’aides à la transition écologique en perpétuel mouvement depuis quinze ans.
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