Dans la première salve des mesures inspirées des propositions du Conseil national de la refondation (CNR), la rénovation énergétique n’a pas été oubliée. Pas d’annonce surprise toutefois, le gouvernement ne change pas sa copie, mais entend accorder davantage de moyens aux dispositifs existants pour promouvoir la transition écologique des bâtiments.
La déception est à la hauteur des attentes. Repoussée d’un mois, la CNR Logement ressemble plus à un catalogue de mesures techniques sans changement de cap, sans annonce forte. Pour doper la rénovation énergétique, ou lever les écueils (nombreux) qui se dressent devant elle, les annonces ont souvent un goût de réchauffé.
MaPrimeRénov’ va encore évoluer
MaPrimeRénov’, d’abord. La Première ministre annonce (encore) de nouvelles évolutions afin de rendre le dispositif plus lisible, et aussi plus efficient dans l’éradication des passoires thermiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Vivement critiquée depuis deux ans pour son inefficacité présumée avec une énorme majorité de travaux “monogestes”, la prime de transition énergétique sera réorientée d’abord vers les rénovations performantes qui visent une étiquette A ou B, voire C, sur l’échelle du DPE. Objectif? Atteindre, dès 2025, 200.000 rénovations globales, trois fois plus qu’aujourd’hui.
Deuxième axe de développement, l’aide vedette du gouvernement doit se concentrer “particulièrement sur le changement des systèmes de chauffage pour aller vers des systèmes décarbonés”, selon Matignon. Rien de nouveau sous le soleil, c’est déjà le cas aujourd’hui, puisque les chaudières gaz sont exclues du dispositif depuis le 1er janvier, tandis que les pompes à chaleur bénéficient d’un sérieux coup de pouce, pouvant aller jusqu’à 5.000 euros.
Densification du réseau France Rénov’
Autre annonce, Matignon promet “une montée en charge” du réseau France Rénov’, destiné à accompagner les ménages sur la voie vertueuse de la rénovation énergétique. Aujourd’hui, on compte 500 guichets et 2.300 conseillers en France pour répondre aux besoins. C’est bien trop peu face aux millions de passoires à rénover. L’exécutif en veut 4.000 à 5.000 d’ici la fin 2025. Là aussi, rien de nouveau, le ministère avait déjà annoncé un guichet d’aide par intercommunalité, financé grâce à un nouveau programme de CEE (Certificats d’économies d’énergies).
Question financement, là aussi, les annonces de Matignon ont déjà un goût de déjà vu. Puisque les aides ne permettent pas de couvrir l’intégralité des travaux, y compris chez les ménages modestes, le gouvernement propose de renforcer et simplifier le Prêt avance rénovation. Une idée déjà mise en orbite en 2016, sans succès, et relancée par la loi Climat et résilience, sans succès toujours. Ce prêt avance rénovation (ou prêt avance mutation) doit faciliter la rénovation chez les propriétaires qui ne peuvent pas accéder aux emprunts classiques, parce qu’ils ne disposent pas des ressources, parce qu’ils sont trop âgés, par exemple. Mais le dispositif ne fonctionne pas, le nombre de prêts octroyés reste dérisoire. Une proposition de loi devrait être déposée et soutenue par le gouvernement, pour permettre à ce prêt de décoller.
Enfin, puisque la rénovation du parc hexagonal passe aussi par l’adaptabilité du logement afin de répondre au vieillissement de la population, le gouvernement a confirmé le lancement de MaPrimeAdapt’ en 2024. Cette nouvelle aide directement inspirée de MaPrimeRénov’, doit aider les personnes de plus de 70 ans (ainsi que les personnes entre 60 et 70 ans en perte d’autonomie précoce) à mener les travaux nécessaires dans leur logement pour permettre le maintien à domicile. 1,5 milliard d’euros est prévu jusque la fin du quinquennat “pour atteindre 680 000 logements adaptés dans les 10 prochaines années”.
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