Avec le nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron, la rénovation prend du galon

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CC-BY-4.0: © European Union 2022 – Source: EP

Le nouveau quinquennat semble promis à un virage écologique. Avec un “Premier ministre chargé de la planification écologique”, Emmanuel Macron veut avancer “deux fois plus vite” pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Vaste programme. La rénovation est forcément dans le collimateur, on imagine mal comment il pourrait en être autrement alors que le bâtiment reste le premier poste de la consommation énergétique et le deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre.

Un Premier ministre vert

La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas.” On l’entend en boucle depuis plusieurs jours, Emmanuel Macron a promis une nouvelle gouvernance avec un “Premier ministre chargé de la planification écologique” pour marquer le virage écolo et répondre à l’urgence climatique.

Dans ce nouveau gouvernement, notre Premier/ère ministre vert(e) sera épaulé(e) de deux ministres “forts”, un pour la “planification énergétique”, un “chargé de la planification écologique territoriale”. Dans les missions du premier, le développement des énergies renouvelables ou la stratégie de sobriété énergétique. Le second ministre en charge de la planification écologique territoriale devrait hériter dans son portefeuille de la rénovation énergétique des logements. Tout ça reste bien entendu très abstrait. Mais au-delà de la symbolique, une telle gouvernance placerait de fait la transition écologique et la rénovation au rang comme des priorités parmi les priorités.

Accélérer le rythme de rénovation

Objectif maintes fois affiché au cours des dernières semaines de campagne, passer à 700.000 rénovations par an. On imagine qu’il s’agit de rénovations globales, et non de gestes de rénovation comme cela reste essentiellement le cas aujourd’hui avec MaPrimeRénov’, la prime vedette à l’efficacité de plus en plus critiquée.

Emmanuel Macron l’a aussi dit, il veut “aller deux fois plus vite” pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Est-ce que le calendrier envisagé par la loi Climat et résilience avec ses échéances en 2025, 2028 et 2034 pourrait être revu? Malmené par le nouveau DPE et l’inflation de passoires énergétiques, ce calendrier est déjà l’objet d’âpres discussions, entre professionnels de l’immobilier qui le jugent souvent intenable dans les conditions actuelles, et les défenseurs du climat qui souhaitent aller plus vite encore, et surtout ne pas se cantonner au seul parc locatif.

Sortir des énergies fossiles

Entre le gaz et le fioul, c’est un peu plus de 50% du parc résidentiel français qui se chauffe encore aux énergies fossiles: 40% pour le gaz, 11% pour le fioul. Là encore, Emmanuel Macron a annoncé son intention “de faire de la France la première grande nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon”. Charbon, c’est fait ou presque. Le fioul? On y vient, on y vient, puisqu’à partir du 1er juillet, il sera interdit d’installer (sauf dérogation) un nouvel équipement de chauffage fonctionnant au fioul.

Le gaz va-t-il prendre la même direction? On sait déjà que les aides MaPrimeRénov’ pour l‘installation d’une chaudière gaz neuve disparaîtront à compter du 1er janvier 2023. En réponse à la flambée des énergies et à la guerre en Ukraine, le gouvernement y avait songé dès avril, mais face à la bronca des professionnels du bâtiment, il a finalement accordé un sursis jusque la fin d’année.

Des aides, encore des aides

Rénover plus vite, et plus efficacement, je veux bien mais avec quels moyens? La rénovation énergétique coûte cher, d’autant plus si on la veut performante. Malgré les aides de l’État, le reste-à-charge apparaît souvent rédhibitoire pour les ménages. L’écueil n’est pas nouveau, plusieurs dispositions de la loi Climat et résilience restent aujourd’hui en gestation: Mon Accompagnateur Rénov’, l’audit énergétique, le Plan pluriannuel de travaux… Il est vraisemblable que le prochain gouvernement s’appuie dessus et ne vienne renforcer encore ces mesures.

Ces mesures déjà dans les tuyaux seront-elles suffisantes pour répondre aux nouvelles ambitions de rénovation énergétique? Emmanuel Macron a d’ores et déjà évoqué une extension de France Rénov’, et un audit énergétique gratuit pour les ménages en situation de précarité énergétique, éventuellement sans avance de fonds.

Les freins à la transition écologique, à la rénovation énergétique en particulier, ne sont pas uniquement financiers. On le sait, pour accélérer la rénovation, le bâtiment aura besoin de main d’œuvre, de beaucoup de main d’œuvre: on parle de centaines de milliers d’emplois supplémentaires pour atteindre les 700.000 rénovations voulues. Là aussi, il faudra sans doute un coup de pouce pour les filières du bâtiment. Ou alors les ambitions du quinquennat risquent de voler en éclats face au principe de réalité.